"La science ouverte, un outil révolutionnaire pour relever les futurs défis mondiaux"

Interview de Benjamin Vandeberg, juriste au sein de SynHERA

Odoo • Image et Texte

La crise du coronavirus n’a épargné personne : impacts climatiques, économiques, sociaux… c’est toute notre société qui a été bouleversée. Et le monde scientifique n’a pas échappé à la règle. Une course folle est en train d’être menée par les chercheurs du monde entier pour cerner ce virus, connaître les moyens thérapeutiques adéquats et, évidemment, trouver un vaccin. Face à ces différents défis, il est primordial de diffuser l’information scientifique. C’est là que l’Open Access entre en jeu. Un outil informatique utile, mais pas sans risque, comme nous l’explique Benjamin Vandeberg, juriste au sein de SynHERA. 

Benjamin Vandeberg, pouvez-vous nous expliquer l’utilité que peut avoir l’Open Access durant une pandémie, comme celle du covid-19 ? 

Face à l’état d’urgence auquel chaque pays a été confronté avec cette pandémie, il était impératif que les scientifiques mondiaux puissent communiquer et échanger les rapports d’analyses afin de gagner du temps sur la propagation de la maladie et sauver un maximum de vies. En autorisant l’accès libre à l’information scientifique, l’opportunité est donnée aux chercheurs d’orienter, d’ajuster, d’affiner, voire de rediriger leurs travaux en fonction des essais de leurs pairs dispersés dans le monde. Comme on le dit « L’union fait la force » ... Il s’agit ici d’une force collective et internationale pour mieux connaître cette nouvelle maladie et la vaincre le plus rapidement possible. 

 

L’Open Access a également joué un rôle pédagogique durant cette crise… 

En effet, tout d’abord au niveau de la continuité de la formation des chercheurs. Ceux-ci ont eu accès gratuitement aux publications de données, alors que d’habitude ils doivent débourser des sommes importantes pour s’abonner à un grand nombre de revues scientifiques. Ensuite, avec l’Open Access, les citoyens ont eu l’occasion de se maintenir en permanence informés sur le covid-19. Ils ont ainsi pu mieux le comprendre et adopter le comportement recommandé par les experts de la santé publique. Dans ce contexte, c’est un formidable outil pédagogique pour la population.

Cependant, si l’Open Access a eu une réelle utilité durant cette crise, il n’en demeure pas moins que cet outil a aussi connu des limites.

 

Et quelles sont-elles ? 

Si la diffusion automatique sur le net des informations scientifiques accélère l’apprentissage des connaissances, elle devient aussi la porte ouverte aux publications trop hâtives de chercheurs. Des publications non contrôlées par leurs pairs et, par conséquent, au contenu erroné, sujet à des interprétations douteuses, voire à des erreurs dans la réorientation de la recherche.

De plus, en mettant gratuitement à disposition de tout internaute des données, par exemple, sur le profil des personnes contaminées, sur leur géolocalisation, il demeure un risque de porter atteinte au droit fondamental de la vie privée.

 

Concernant les éditeurs de revue, ont-ils tous rejoint l’initiative Open Access avec la même implication ?

Après s’être opposés à l’accès gratuit des recherches scientifiques, certains y ont finalement contribué de telle façon à répondre favorablement à l’effort de collaboration scientifique souhaité notamment par l’OMS.  Malheureusement, si beaucoup d'articles ont été rendus accessibles à un grand nombre de chercheurs, d’autres, par contre, au contenu peut-être jugé trop secret, sont restés propriétés d’éditeurs soucieux de les monnayer. Voici un bien triste constat où l’intérêt personnel a pris le dessus sur l’avantage collectif amené par l’Open Access.

 

Finalement, quelles sont les conclusions que nous pouvons tirer concernant l’impact de cette pandémie sur l’Open Access ? 

Nous pouvons dire que dans une crise sanitaire, comme celle du coronavirus, la « science ouverte » peut apporter une vraie réponse face aux différents défis auxquels les chercheurs sont confrontés. Cependant, il est fondamental que la diffusion et l’échange d’informations rendus possibles par l’Open Access le soient avec le souci permanent d’améliorer la qualité des connaissances, mais aussi avec celui de respecter les valeurs éthiques.

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