ZOOM sur Spirit4Pal : la spiritualité dans les soins palliatifs

20 avril 2022 par
ZOOM sur Spirit4Pal : la spiritualité dans les soins palliatifs
SynHERA, Déborah TOUSSAINT

Le 11 mars 2025, la plénière du Parlement européen a adopté un rapport sur l’évaluation de la mise en œuvre d’Horizon Europe en vue de son évaluation intermédiaire et de ses recommandations pour le 10e programme-cadre de recherche.

Le rapport s'appuie sur une analyse du programme et sur les constats des rapports Letta, Draghi et Heitor, qui alertaient sur le déclassement technologique de l'Europe et l'insuffisance de valorisation de sa recherche.

Le rapport conclut que la Commission n'a pas assuré une gestion agile d'Horizon Europe. Il propose donc des pistes pour FP10, le futur programme-cadre, afin de corriger ces dysfonctionnements.

Le programme Horizon est structuré autour de quatre piliers, résumés dans le graphique ci-dessous :

Tableau 1: les piliers du programme Horizon, source: Horizon Europe[1]

 

Ces piliers ont chacun des caractéristiques propres

Le 1er pilier Excellence Scientifique finance des projets de recherche fondamentale à haut risque et potentiel ainsi que les talents scientifiques via des programmes comme les ERC (Conseil européen de la recherche) et les bourses Marie Skłodowska-Curie.

Le 2ème pilier Problématiques mondiales et compétitivité industrielle européenne encourage le développement de partenariats à l’échelle européenne ainsi que la mise en commun des ressources et des connaissances sur le continent. Il soutient des projets d’envergure notamment à travers la création de « Joint Undertakings » — des mécanismes destinés à établir des partenariats public-privé (PPP).

Ce pilier est critiqué pour sa gestion trop complexe (approche top-down et multiplicité d’instruments), ce qui freine les petits acteurs. Il devrait privilégier les résultats plutôt que le contrôle des dépenses et mieux équilibrer recherche fondamentale et innovation marché, tout en réduisant l’éparpillement des projets.

Le 3ème pilier Europe Innovante a permis des progrès dans la valorisation de la recherche, notamment grâce à ses deux instruments :

  •  L’European Innovation Council (EIC) qui soutient l'innovation de rupture, en combinant subventions et investissements en capital-risque de la phase start-up jusqu’à la maturation industrielle et commerciale.
  •  L’European Institute of Innovation and Technology (EIT) qui renforce la coopération entre les acteurs d’un même secteur (enseignement supérieur, recherche, entreprises).

 Cependant, leur efficacité est limitée par une bureaucratie excessive, des règles complexes et des coûts dissuasifs, appelant à plus de simplicité et d’autonomie.

Le 4ème pilier transversal vise à réduire les inégalités régionales en innovation et R&D, permettant à l'Europe de mieux exploiter son potentiel scientifique. Son déploiement est freiné par l'hétérogénéité des politiques nationales. Le Parlement recommande d'imposer des obligations aux États membres et d'optimiser l'échelon de financement (européen, national ou régional). Une task force dédiée est proposée pour harmoniser les stratégies et accroître les budgets R&D de manière coordonnée.

Problèmes identifiés

Malgré les efforts de simplification, la bureaucratie continue d’étouffer Horizon Europe, avec 32% des acteurs constatant une aggravation vs Horizon 2020 et 50% aucune amélioration. Un projet sur deux y consacre plus de 10% de son budget en tâches administratives, et 10% dépensent jusqu’à 20% de leur budget – pendant que les délais de financement explosent les 8 mois réglementaires.

Cette lourdeur exclut les PME innovantes et fait fuir les talents, réduisant mécaniquement le taux de succès des projets. Le "lump sum", solution partielle, crée un paradoxe : simplification des coûts mais complexité accrue des audits ex post.

Le Parlement exige un rééquilibrage immédiat entre logistique et science, et un déploiement ciblé du financement forfaitaire après analyse rigoureuse.

Les consortiums imposés par Horizon Europe complexifient encore plus la gestion des projets, avec des coûts administratifs croissants proportionnellement au nombre de partenaires, décourageant PME et nouveaux entrants. Malgré ces obstacles, Horizon Europe a permis à 50% des PME participantes d'intégrer le programme pour la première fois, révélant un potentiel inexploité. La tendance inquiétante au repli des partenariats internationaux (2021-2027) souligne l'urgence d'alléger les contraintes pour revitaliser la collaboration transnationale.

Le Parlement identifie la nécessité d’une meilleure coordination des politiques scientifiques européennes, notamment en alignant les politiques d’investissement et la sélection des projets en fonction de leur potentiel d’impact et sur base des stratégies européennes.


Enfin, le rapport formule une série de recommandations pour la prochaine version du programme de recherche :

  • Prioriser la vulgarisation et la diffusion des résultats afin de renforcer la confiance dans les programmes de R&D et susciter l’adhésion du public aux financements de la recherche.
  • Mieux équilibrer recherche et innovation commercialisable, car l'approche actuelle ne soutient pas assez les idées réellement disruptives.
  • Définir des objectifs simplifiés pour les missions, ancrer l’approche "bottom-up" dans les besoins de terrain, et appliquer une gestion par portefeuille des projets favorisant l'interdisciplinarité (sciences humaines/exactes).
  • Last but not least, favoriser des consortiums plus petits et consacrer l'utilisation des fonds restants pour financer des projets R&D ciblés, afin de réduire les barrières à l'entrée des nouveaux acteurs.


[1] https://www.horizon-europe.gouv.fr/horizon-europe-c-est-quoi-24104

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Rencontrer et soigner la personne malade en prenant en considération non seulement sa maladie, mais aussi ses valeurs, sa culture, son vécu ou encore sa religion : c’est ce qu’on appelle le « spiritual care ». Cette nouvelle approche, Jean-Christophe Servotte et Cécile Vander Meulen, chercheurs à la Henallux souhaitent l’intégrer aux soins palliatifs par le biais de leur recherche : Spirit4Pal. Rencontre avec deux scientifiques passionnés.

Lorsqu’il parle de sa recherche, Jean-Christophe Servotte, enseignant-chercheur à la Henallux et Docteur en sciences de la santé publique ne peut cacher son enthousiasme. Il faut dire que Spirit4Pal, la spiritualité dans les soins palliatifs, combine son expérience professionnelle et personnelle. Ainsi, c’est à partir d’une discussion avec un proche concernant le spiritual care qu’est né ce projet. « Quand il m’a parlé de cette approche, j’ai directement trouvé le sujet très intéressant. Ensuite, la Fondation Roi Baudouin a ouvert le fonds Mechelynck qui vise à améliorer la communication entre les patients et les familles dans les soins palliatifs. Il était possible de créer un lien entre le spiritual care et cet appel ». Il poursuit : « Je me suis penché vers les soins à domicile car mon épouse travaille dans ce secteur, et il m’arrive de lui prêter main-forte. Aussi, lorsque l’on parle des soins palliatifs, on pense à une personne âgée, en fin de vie. Un jour, en réalisant des soins à domicile, j’ai été confronté à une femme d’une quarantaine d’années, atteinte d’un cancer du sein très avancé. Je n’étais pas préparé à cette rencontre ». Une expérience forte qui prouve que chaque patient est unique et oh combien il est primordial de rencontrer ces personnes avec humanité et ouverture d’esprit. 

Pourtant, en Belgique, le spiritual care est encore très peu enseigné. Les professionnels de l’aide à domicile en province de Namur estiment d’ailleurs ne pas y être suffisamment formés : 90% des infirmiers, ainsi que 100% des gardes à domicile et des assistants-sociaux l’expriment. Spirit4Pal vise à combler cette lacune. Comment ? Avec des formations, basées sur des simulations virtuelles et de pleine échelle, élaborées et testées avec 210 professionnels de l’aide et soins à domicile en soins palliatifs en province de Namur (infirmiers, gardes à domicile et assistants sociaux). Des séances qui se dérouleront au sein du centre de simulation de la Henallux.  « Les apprenants seront placés dans des situations les plus proches du réel pour expérimenter le spiritual care », poursuit Jean-Christophe Servotte qui travaille sur cette recherche avec sa collègue Cécile Vander Meulen, infirmière, psychologue et enseignante-chercheuse. 

Notons qu’afin de mener à bien cette étude et ces formations inédites, l’équipe de Spirit4Pal s’est entourée de différents partenaires : Aide et Soins à Domicile en province de Namur, la Fédération des Aides et Soins à Domicile, FORMaNAM (Incubateur de formations continues) et le Réseau Santé, Soins et Spiritualités (RESSPIR). Ces chercheurs ont également été accompagnés par notre structure. « Les conseillers scientifiques de SynHERA ont réellement été présents pour nous. Ils ont relu plusieurs fois notre projet, nous ont fait part de leur expertise », ajoute Jean-Christophe Servotte. Des conseils précieux afin d’obtenir un financement pour cette recherche qui met l’humain et ses aspirations les plus profondes au cœur de toutes les attentions. 

 
 
 
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SynHERA, Déborah TOUSSAINT 20 avril 2022
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