"Je veux mettre au point une boisson qui permet de se sentir bien dans son corps"

Le ZOOM du mois
27 août 2020 par
"Je veux mettre au point une boisson qui permet de se sentir bien dans son corps"
SynHERA, Déborah TOUSSAINT

Le 11 mars 2025, la plénière du Parlement européen a adopté un rapport sur l’évaluation de la mise en œuvre d’Horizon Europe en vue de son évaluation intermédiaire et de ses recommandations pour le 10e programme-cadre de recherche.

Le rapport s'appuie sur une analyse du programme et sur les constats des rapports Letta, Draghi et Heitor, qui alertaient sur le déclassement technologique de l'Europe et l'insuffisance de valorisation de sa recherche.

Le rapport conclut que la Commission n'a pas assuré une gestion agile d'Horizon Europe. Il propose donc des pistes pour FP10, le futur programme-cadre, afin de corriger ces dysfonctionnements.

Le programme Horizon est structuré autour de quatre piliers, résumés dans le graphique ci-dessous :

Tableau 1: les piliers du programme Horizon, source: Horizon Europe[1]

 

Ces piliers ont chacun des caractéristiques propres

Le 1er pilier Excellence Scientifique finance des projets de recherche fondamentale à haut risque et potentiel ainsi que les talents scientifiques via des programmes comme les ERC (Conseil européen de la recherche) et les bourses Marie Skłodowska-Curie.

Le 2ème pilier Problématiques mondiales et compétitivité industrielle européenne encourage le développement de partenariats à l’échelle européenne ainsi que la mise en commun des ressources et des connaissances sur le continent. Il soutient des projets d’envergure notamment à travers la création de « Joint Undertakings » — des mécanismes destinés à établir des partenariats public-privé (PPP).

Ce pilier est critiqué pour sa gestion trop complexe (approche top-down et multiplicité d’instruments), ce qui freine les petits acteurs. Il devrait privilégier les résultats plutôt que le contrôle des dépenses et mieux équilibrer recherche fondamentale et innovation marché, tout en réduisant l’éparpillement des projets.

Le 3ème pilier Europe Innovante a permis des progrès dans la valorisation de la recherche, notamment grâce à ses deux instruments :

  •  L’European Innovation Council (EIC) qui soutient l'innovation de rupture, en combinant subventions et investissements en capital-risque de la phase start-up jusqu’à la maturation industrielle et commerciale.
  •  L’European Institute of Innovation and Technology (EIT) qui renforce la coopération entre les acteurs d’un même secteur (enseignement supérieur, recherche, entreprises).

 Cependant, leur efficacité est limitée par une bureaucratie excessive, des règles complexes et des coûts dissuasifs, appelant à plus de simplicité et d’autonomie.

Le 4ème pilier transversal vise à réduire les inégalités régionales en innovation et R&D, permettant à l'Europe de mieux exploiter son potentiel scientifique. Son déploiement est freiné par l'hétérogénéité des politiques nationales. Le Parlement recommande d'imposer des obligations aux États membres et d'optimiser l'échelon de financement (européen, national ou régional). Une task force dédiée est proposée pour harmoniser les stratégies et accroître les budgets R&D de manière coordonnée.

Problèmes identifiés

Malgré les efforts de simplification, la bureaucratie continue d’étouffer Horizon Europe, avec 32% des acteurs constatant une aggravation vs Horizon 2020 et 50% aucune amélioration. Un projet sur deux y consacre plus de 10% de son budget en tâches administratives, et 10% dépensent jusqu’à 20% de leur budget – pendant que les délais de financement explosent les 8 mois réglementaires.

Cette lourdeur exclut les PME innovantes et fait fuir les talents, réduisant mécaniquement le taux de succès des projets. Le "lump sum", solution partielle, crée un paradoxe : simplification des coûts mais complexité accrue des audits ex post.

Le Parlement exige un rééquilibrage immédiat entre logistique et science, et un déploiement ciblé du financement forfaitaire après analyse rigoureuse.

Les consortiums imposés par Horizon Europe complexifient encore plus la gestion des projets, avec des coûts administratifs croissants proportionnellement au nombre de partenaires, décourageant PME et nouveaux entrants. Malgré ces obstacles, Horizon Europe a permis à 50% des PME participantes d'intégrer le programme pour la première fois, révélant un potentiel inexploité. La tendance inquiétante au repli des partenariats internationaux (2021-2027) souligne l'urgence d'alléger les contraintes pour revitaliser la collaboration transnationale.

Le Parlement identifie la nécessité d’une meilleure coordination des politiques scientifiques européennes, notamment en alignant les politiques d’investissement et la sélection des projets en fonction de leur potentiel d’impact et sur base des stratégies européennes.


Enfin, le rapport formule une série de recommandations pour la prochaine version du programme de recherche :

  • Prioriser la vulgarisation et la diffusion des résultats afin de renforcer la confiance dans les programmes de R&D et susciter l’adhésion du public aux financements de la recherche.
  • Mieux équilibrer recherche et innovation commercialisable, car l'approche actuelle ne soutient pas assez les idées réellement disruptives.
  • Définir des objectifs simplifiés pour les missions, ancrer l’approche "bottom-up" dans les besoins de terrain, et appliquer une gestion par portefeuille des projets favorisant l'interdisciplinarité (sciences humaines/exactes).
  • Last but not least, favoriser des consortiums plus petits et consacrer l'utilisation des fonds restants pour financer des projets R&D ciblés, afin de réduire les barrières à l'entrée des nouveaux acteurs.


[1] https://www.horizon-europe.gouv.fr/horizon-europe-c-est-quoi-24104

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Le lactosérum, vous connaissez ? Ce sous-produit de la fabrication du fromage est depuis longtemps réputé pour ses nombreuses vertus. En boire tous les jours, vous permettrait d’entretenir votre microbiote intestinal et de rester en pleine forme. Convaincue par ce « petit-lait », Madeleine Hanssen, directrice de La Fromagerie du Vieux Moulin a décidé de l’utiliser pour mettre au point une boisson nutritionnelle. Un projet ambitieux pour lequel elle collabore avec SynHERA, La Haute École de la Province de Liège et l’ULiège. 

C’est au cœur du pays de Herve que Madeleine Hanssen dirige La Fromagerie du Vieux Moulin. Un établissement bien connu des gourmands puisqu’il s’agit de la dernière fromagerie qui travaille avec du lait cru. Et si son fromage de Herve est déjà bien apprécié de tous, Madeleine Hanssen s’est lancé un nouveau défi : produire une boisson nutritionnelle inédite ! 

Cette boisson, elle est fabriquée à partir du lactosérum, communément appelé "petit-lait". Un liquide que l’on retrouve dans toutes les fromageries puisqu’il s’agit de la partie maigre du lait. Chaque semaine, Madeleine en récolte environ 5.000 litresUne quantité difficile à écouler puisque la législation belge interdit de le jeter. C’est ainsi qu’il y a six ans, Madeleine Hanssen a décidé de voir ce produit d’un autre œil, de le valoriser. Elle qui en consomme régulièrement en est persuadée : ce lactosérum possède de nombreux avantages pour le corps humain, et le microbiote intestinal plus particulièrement. « C’est nourrissant, peu calorique, et cela permet de nettoyer les intestins ». Elle ajoute : « De plus, je souhaitais m’inscrire dans une démarche de réutilisation des produits. Lorsque nous avons rénové la fromagerie, nous avons donc mis au point un système qui permet de collecter le lactosérum de manière propre ».

Une boisson riche en propriétés pro et prébiotiques

A partir de là, une collaboration s’est mise en place entre Madeleine Hanssen, SynHERA et Nicole Nihant, diététicienne et enseignante à la Haute École de la Province de Liège, ce qui a permis à des étudiants de se pencher sur ce projet pour leur TFE. La première phase consistait en l’analyse du produit : « Nous avons concentré le lactosérum pour enlever l’eau et nous l’avons enrichi. Grâce à cela, on arrive à un produit bon en calcium, en acides aminés et qui contient des propriétés pré et probiotiques ». Certains étudiants de la HEPL ont étudié la manière de stabiliser cette future boisson afin de mieux la conserver « On a aussi travaillé sur son utilisation, pour fabriquer du pain, notamment », raconte Madeleine Hanssen en nous servant un verre de son « petit-lait ». Le goût est spécial… Heureusement, la fromagère nous sert un autre verre. Il s’agit toujours de lactosérum, mais aromatisé, bien meilleur en bouche. Avec son goût de fraise-framboise, il se déguste avec plaisir. Pour arriver à obtenir ces arômes, Madeleine Hanssen a également reçu l'aide des étudiants en diététique de la HEPL qui ont réussi à optimiser le goût.  

Si cette boisson est déjà disponible en moindre quantité, Madeleine Hanssen attend, à présent, avec impatience les résultats de l’ULiège afin de pouvoir la distribuer à l’ensemble de son réseau. « J’ai demandé une consultance à l’ULiège afin d’obtenir un profil scientifique du lactosérum et d’analyser en profondeur son impact sur le microbiote ». Avec des premiers résultats déjà très concluants, ce produit pourrait bientôt se retrouver au rayon bien-être des magasins d’alimentation. Et s’il nous permet d’être aussi en forme que la fromagère, une chose est sûre : il n’y a plus qu’à essayer !  



C'est dans son atelier entièrement rénové que Madeleine Hanssen récolte de manière saine le lactosérum. Crédit photos : D.T

Une relation de confiance avec SynHERA

Lorsque Madeleine Hanssen parle de SynHERA, c’est le nom de Christine Deom qui revient directement. En effet, entre la conseillère scientifique, spécialisée en agroalimentaire, et la fromagère c’est une véritable relation de confiance qui s’est installée. Elles collaborent ensemble depuis 2016. Christine Deom a aidé Madeline Hanssen à entrer en contact avec les bonnes personnes du réseau SynHERA et à consolider son projet. Et cette collaboration n’est pas près de s’arrêter puisque lorsque le produit sera abouti, Madeleine Hanssen a déjà plusieurs idées en tête pour continuer à développer son entreprise.   

5.000 fromages de Herve par semaine !

La fromagerie, c’est plus qu’un métier pour Madeleine Hanssen, c’est véritablement sa passion. Et cette passion, elle est née dedans. « Mes parents ont toujours fait du fromage », sourit-elle. Il y a 33 ans, elle reprend La Fromagerie du Vieux Moulin. « Mais j’ai modernisé la manière de travailler ». Aujourd’hui, Madeleine Hanssen est fière de dire que sa fromagerie est la dernière à travailler avec du lait cru. « Et je ne vends mon fromage que dans ma boutique, des petits magasins, bref des bonnes maisons ». Au total, ce sont 5.000 fromages de Herve qui sont fabriqués chaque semaine dans son atelier où sont engagés 4 équivalents temps-plein. 


Odoo • Texte et Image

 
 

"Je veux mettre au point une boisson qui permet de se sentir bien dans son corps"
SynHERA, Déborah TOUSSAINT 27 août 2020
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