Proposer une bière « du terroir » : la mission de ORVALOC !

19 avril 2021 par
Proposer une bière « du terroir » : la mission de ORVALOC !
SynHERA, Déborah TOUSSAINT

Le 11 mars 2025, la plénière du Parlement européen a adopté un rapport sur l’évaluation de la mise en œuvre d’Horizon Europe en vue de son évaluation intermédiaire et de ses recommandations pour le 10e programme-cadre de recherche.

Le rapport s'appuie sur une analyse du programme et sur les constats des rapports Letta, Draghi et Heitor, qui alertaient sur le déclassement technologique de l'Europe et l'insuffisance de valorisation de sa recherche.

Le rapport conclut que la Commission n'a pas assuré une gestion agile d'Horizon Europe. Il propose donc des pistes pour FP10, le futur programme-cadre, afin de corriger ces dysfonctionnements.

Le programme Horizon est structuré autour de quatre piliers, résumés dans le graphique ci-dessous :

Tableau 1: les piliers du programme Horizon, source: Horizon Europe[1]

 

Ces piliers ont chacun des caractéristiques propres

Le 1er pilier Excellence Scientifique finance des projets de recherche fondamentale à haut risque et potentiel ainsi que les talents scientifiques via des programmes comme les ERC (Conseil européen de la recherche) et les bourses Marie Skłodowska-Curie.

Le 2ème pilier Problématiques mondiales et compétitivité industrielle européenne encourage le développement de partenariats à l’échelle européenne ainsi que la mise en commun des ressources et des connaissances sur le continent. Il soutient des projets d’envergure notamment à travers la création de « Joint Undertakings » — des mécanismes destinés à établir des partenariats public-privé (PPP).

Ce pilier est critiqué pour sa gestion trop complexe (approche top-down et multiplicité d’instruments), ce qui freine les petits acteurs. Il devrait privilégier les résultats plutôt que le contrôle des dépenses et mieux équilibrer recherche fondamentale et innovation marché, tout en réduisant l’éparpillement des projets.

Le 3ème pilier Europe Innovante a permis des progrès dans la valorisation de la recherche, notamment grâce à ses deux instruments :

  •  L’European Innovation Council (EIC) qui soutient l'innovation de rupture, en combinant subventions et investissements en capital-risque de la phase start-up jusqu’à la maturation industrielle et commerciale.
  •  L’European Institute of Innovation and Technology (EIT) qui renforce la coopération entre les acteurs d’un même secteur (enseignement supérieur, recherche, entreprises).

 Cependant, leur efficacité est limitée par une bureaucratie excessive, des règles complexes et des coûts dissuasifs, appelant à plus de simplicité et d’autonomie.

Le 4ème pilier transversal vise à réduire les inégalités régionales en innovation et R&D, permettant à l'Europe de mieux exploiter son potentiel scientifique. Son déploiement est freiné par l'hétérogénéité des politiques nationales. Le Parlement recommande d'imposer des obligations aux États membres et d'optimiser l'échelon de financement (européen, national ou régional). Une task force dédiée est proposée pour harmoniser les stratégies et accroître les budgets R&D de manière coordonnée.

Problèmes identifiés

Malgré les efforts de simplification, la bureaucratie continue d’étouffer Horizon Europe, avec 32% des acteurs constatant une aggravation vs Horizon 2020 et 50% aucune amélioration. Un projet sur deux y consacre plus de 10% de son budget en tâches administratives, et 10% dépensent jusqu’à 20% de leur budget – pendant que les délais de financement explosent les 8 mois réglementaires.

Cette lourdeur exclut les PME innovantes et fait fuir les talents, réduisant mécaniquement le taux de succès des projets. Le "lump sum", solution partielle, crée un paradoxe : simplification des coûts mais complexité accrue des audits ex post.

Le Parlement exige un rééquilibrage immédiat entre logistique et science, et un déploiement ciblé du financement forfaitaire après analyse rigoureuse.

Les consortiums imposés par Horizon Europe complexifient encore plus la gestion des projets, avec des coûts administratifs croissants proportionnellement au nombre de partenaires, décourageant PME et nouveaux entrants. Malgré ces obstacles, Horizon Europe a permis à 50% des PME participantes d'intégrer le programme pour la première fois, révélant un potentiel inexploité. La tendance inquiétante au repli des partenariats internationaux (2021-2027) souligne l'urgence d'alléger les contraintes pour revitaliser la collaboration transnationale.

Le Parlement identifie la nécessité d’une meilleure coordination des politiques scientifiques européennes, notamment en alignant les politiques d’investissement et la sélection des projets en fonction de leur potentiel d’impact et sur base des stratégies européennes.


Enfin, le rapport formule une série de recommandations pour la prochaine version du programme de recherche :

  • Prioriser la vulgarisation et la diffusion des résultats afin de renforcer la confiance dans les programmes de R&D et susciter l’adhésion du public aux financements de la recherche.
  • Mieux équilibrer recherche et innovation commercialisable, car l'approche actuelle ne soutient pas assez les idées réellement disruptives.
  • Définir des objectifs simplifiés pour les missions, ancrer l’approche "bottom-up" dans les besoins de terrain, et appliquer une gestion par portefeuille des projets favorisant l'interdisciplinarité (sciences humaines/exactes).
  • Last but not least, favoriser des consortiums plus petits et consacrer l'utilisation des fonds restants pour financer des projets R&D ciblés, afin de réduire les barrières à l'entrée des nouveaux acteurs.


[1] https://www.horizon-europe.gouv.fr/horizon-europe-c-est-quoi-24104

Odoo • Image et Texte

La bière : cette boisson fait partie de notre patrimoine. Pourtant, saviez-vous que les bières que l’on déguste habituellement ne sont pas 100% belges ? En effet, les matières premières utilisées, comme l’orge et le houblon, proviennent rarement de notre pays. C’est à partir de ce constat qu’est né ORVALOC. Ce projet de recherche, du service de brasserie de l’Institut Meurice (Haute École Lucia de Brouckère), se penche sur l’influence de la variété d’orge et de ses conditions de culture sur la flaveur de la bière. Objectif ? Développer une filière wallonne d’orge brassicole. 

Nous permettre de déguster une bière qui allie produits locaux et savoir-faire belge : c’est la mission d’Anne Pietercelie et Nicolas Van Dyck, promotrice et chercheur à l’Institut Meurice. Depuis octobre 2020, ces deux ingénieurs travaillent sur ORVALOC (ORge VAlorisation LOCale). Un projet, accompagné par SynHERA et sélectionné dans le cadre du FRHE 2019, qui répond à une problématique actuelle. Et oui, si la culture de la bière est inscrite sur la liste du patrimoine immatériel de l’Humanité de l’UNESCO et fait partie de nos fiertés, cette boisson n’est pas aussi belge qu’elle n’y parait. Anne Pietercelie explique : « En Belgique, la production d’orge est de 10.000 tonnes pour une demande de 400.000 tonnes ! Nous n’avons pas assez de de surfaces cultivables disponibles, raison pour laquelle l’orge utilisée dans les brasseries vient souvent d’autres pays, comme la France ou l’Allemagne ».

Avec ORVALOC, ces chercheurs travaillent donc sur le développement d’une filière wallonne d’orge brassicole. Pour ce faire, ils collaborent avec plusieurs organes, tels que Centre wallon de Recherches agronomiques et le CePiCOP (Centre Pilote Céréales et Oléo-Protéagineux). Ils sont également entourés d’experts en la matière : la Brasserie des Légendes, la Brasserie des Carrières et BeerFac.

Différentes analyses réalisées


Afin de savoir si l’orge cultivée « chez nous » a un véritable impact sur la bière, cette équipe a procédé en plusieurs étapes. Tout d’abord, différentes variétés d’orge ont été plantées sur une seule et même parcelle afin d’analyser leurs différences. Dans un deuxième temps, ils ont mesuré l’effet « pédoclimatique », en cultivant la même variété mais cette fois sur différents types de sols en Wallonie (province de Liège, de Namur et du Hainaut). Enfin, afin d’avoir des résultats significatifs, trois récoltes ont été prévues : en 2019, 2020 et 2021. 

Une fois récoltés, des échantillons d’orge sont envoyés à l’Institut Meurice afin d’être inspectés sous toutes les coutures. Ensuite, place au maltage. Et là encore, l’équipe déplore le fait que de nombreux brasseurs doivent faire appel à des partenaires étrangers, comme l’indique la promotrice. « Il n’y a pas de petite malterie en Belgique. Mais heureusement, cela risque de bientôt changer puisqu’il y a justement plusieurs projets de micromalteries en cours en Wallonie ».

Dans deux mois, l’équipe espère pouvoir goûter le produit. Mais attention, il n’est pas question de déguster une bière comme nous en avons l’habitude. En effet, afin de bien mettre en évidence les matières premières utilisées, cette boisson sera peu houblonnée et la plus neutre possible.

D’ici 2022, Anne Pietercelie et Nicolas Van Dyck espèrent avoir terminé leur recherche et ainsi pouvoir proposer aux brasseurs une nouvelle vision de la bière belge. Une bière véritablement locale, « du terroir », produite avec de l’orge wallonne. « Certaines brasseries s’inscrivent déjà dans cette démarche, comme nos brasseries partenaires, dont la brasserie des Légendes qui possède son propre champ d’orge à côté de leur établissement. Avec ORVALOC, nous espérons que d’autres brasseries locales leur emboîteront le pas », conclut la scientifique.

 
 

 

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SynHERA, Déborah TOUSSAINT 19 avril 2021
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