Un visage derrière la recherche avec Alexandre Sannen

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Alexandre Sannen est maître-assistant et chercheur à la Haute École Francisco Ferrer. Pour notre rubrique "Un visage derrière la recherche", nous avons interviewé ce spécialiste de la langue française qui a collaboré avec des Universités situées aux quatre coins du monde.

Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez commencé la recherche scientifique ?

"J’ai commencé par des études en langues, lettres françaises et romanes à l’ULB. Ensuite, au cours de mon master, j’ai eu l’opportunité, dans le cadre d’une convention internationale, d’étudier à l’Université d’État de Saint-Pétersbourg. C’est lors de ce séjour que j’ai débuté la recherche où, dans les archives du Musée de l’Ermitage et à la Bibliothèque nationale de Russie, je cherchais des textes littéraires égarés en Europe depuis le XVIIe siècle. Ensuite, j’ai effectué un deuxième master en arts du spectacle à l’ULB et à l’Université libre de Berlin durant lequel j’ai commencé à travailler sur la relation entre le plaisir et la littérature. Par après, j’ai enseigné à l’Université de Hanoï. Cette expérience m’a amené à suivre un programme doctoral à l’Université Western au Canada. En 2018, j’ai soutenu ma thèse de doctorat et, à présent, je suis enseignant-chercheur au sein de la Haute École Francisco Ferrer".

Et quels sont vos domaines d’expertise ? 

"Dans ma thèse de doctorat, j’ai démontré que la morphologie du récit est dépendante d’une structure reposant sur l’agencement de signes associés au plaisir. Ceci signifie qu’à notre époque, dans la société de loisir, la figuration du plaisir participe à la formation et au développement d’un récit, littéraire ou autre. Cette thèse a été développée en référence aux discours philosophiques, psychanalytiques et sociologiques qui ont émergé à la fin du XIXe siècle et continuent d’alimenter la pensée théorique dans la recherche en littérature. Aujourd’hui encore, je poursuis cette recherche avec des collègues, en Belgique, au Canada, en France et au Maroc.

Toujours au niveau international, je supervise actuellement une recherche en anthropologie de la réception esthétique. En collaboration avec des collègues de l’Université de Hanoï, j’analyse la réception de la littérature belge de langue française au Vietnam. C’est un projet de grande envergure puisque je souhaite le déployer dans d’autres pays en Asie. 

En Belgique, je suis aussi membre du consortium de recherche HELangue Oral. Piloté par le Pôle académique de Bruxelles, et en partenariat avec d’autres chercheurs issus de Hautes Écoles, ce projet vise à analyser les pratiques langagières orales des étudiants". 

Avez-vous un projet de recherche dont vous êtes particulièrement fier ? 

"C’est impossible de faire un choix, car ils sont tous intéressants. Avec HELangue Oral, nous sommes dans une recherche à orientation pédagogique portant sur les compétences orales des étudiants, ce qui permettra de transmettre, à terme, des modules de formation et d’évaluation à l’attention du corps professoral et des étudiants. Au Vietnam, avec la recherche sur l’anthropologie de la réception esthétique, l’opportunité est de développer un cadre théorique inédit au sujet de la réception d’un corpus littéraire dans un environnement culturel éloigné du nôtre. Quant à la recherche sur la relation entre la littérature et le plaisir, elle est également très stimulante car le sujet bénéficie d’une attention et d’une réflexion constante de la part des scientifiques".

Et qu’appréciez-vous particulièrement dans la recherche appliquée ? 

"Le fait que ce type de recherche confronte la théorie à diverses réalités. Cela apporte un intérêt non-négligeable puisque la recherche appliquée met à l’épreuve et valide (ou invalide) un travail fondamental réalisé antérieurement". 

Vous menez des recherches aux quatre coins du monde. Avez-vous remarqué des différentes significatives au niveau de la manière de travailler dans d’autres pays ?

"Eh bien non ! Du moins, dans mon domaine de recherche. Même s’il peut y avoir de petites différences, soit culturelles, soit théoriques, la formation doctorale offre un cadre méthodologique et théorique visant à l’assimilation des savoirs contemporains et produits au cours du dernier siècle, ce qui donne une vue globale et précise des méthodes et des courants scientifiques. Nos différences se ressentent donc très peu dans la manière dont nous travaillons, car les référents scientifiques sont acquis et maîtrisés. Il en est de même dans les publications, dont l’écriture répond à un modèle normatif issu d’une dimension rationaliste".  

En tant que membre du réseau SynHERA, comment collaborez-vous avec notre structure ?

"Tout d’abord, je fais partie du consortium HELangue Oral, une recherche accompagnée par SynHERA. J’ai également participé à la Journée des Chercheurs en Haute École 2023 en proposant une communication orale sur la recherche que je mène au Vietnam. En outre, je souhaite prendre part aux prochains Actes de Colloque publiés dans le cadre de cet événement. Et je ne doute pas qu’à l’avenir, je pourrai compter sur SynHERA pour accompagner mes projets. J’en profite, d’ailleurs, pour remercier ses collaborateurs !"

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