Les chercheurs des Hautes Écoles font avancer la recherche sur le covid-19

3 juin 2020 par
Les chercheurs des Hautes Écoles font avancer la recherche sur le covid-19
SynHERA, Déborah TOUSSAINT

Le 11 mars 2025, la plénière du Parlement européen a adopté un rapport sur l’évaluation de la mise en œuvre d’Horizon Europe en vue de son évaluation intermédiaire et de ses recommandations pour le 10e programme-cadre de recherche.

Le rapport s'appuie sur une analyse du programme et sur les constats des rapports Letta, Draghi et Heitor, qui alertaient sur le déclassement technologique de l'Europe et l'insuffisance de valorisation de sa recherche.

Le rapport conclut que la Commission n'a pas assuré une gestion agile d'Horizon Europe. Il propose donc des pistes pour FP10, le futur programme-cadre, afin de corriger ces dysfonctionnements.

Le programme Horizon est structuré autour de quatre piliers, résumés dans le graphique ci-dessous :

Tableau 1: les piliers du programme Horizon, source: Horizon Europe[1]

 

Ces piliers ont chacun des caractéristiques propres

Le 1er pilier Excellence Scientifique finance des projets de recherche fondamentale à haut risque et potentiel ainsi que les talents scientifiques via des programmes comme les ERC (Conseil européen de la recherche) et les bourses Marie Skłodowska-Curie.

Le 2ème pilier Problématiques mondiales et compétitivité industrielle européenne encourage le développement de partenariats à l’échelle européenne ainsi que la mise en commun des ressources et des connaissances sur le continent. Il soutient des projets d’envergure notamment à travers la création de « Joint Undertakings » — des mécanismes destinés à établir des partenariats public-privé (PPP).

Ce pilier est critiqué pour sa gestion trop complexe (approche top-down et multiplicité d’instruments), ce qui freine les petits acteurs. Il devrait privilégier les résultats plutôt que le contrôle des dépenses et mieux équilibrer recherche fondamentale et innovation marché, tout en réduisant l’éparpillement des projets.

Le 3ème pilier Europe Innovante a permis des progrès dans la valorisation de la recherche, notamment grâce à ses deux instruments :

  •  L’European Innovation Council (EIC) qui soutient l'innovation de rupture, en combinant subventions et investissements en capital-risque de la phase start-up jusqu’à la maturation industrielle et commerciale.
  •  L’European Institute of Innovation and Technology (EIT) qui renforce la coopération entre les acteurs d’un même secteur (enseignement supérieur, recherche, entreprises).

 Cependant, leur efficacité est limitée par une bureaucratie excessive, des règles complexes et des coûts dissuasifs, appelant à plus de simplicité et d’autonomie.

Le 4ème pilier transversal vise à réduire les inégalités régionales en innovation et R&D, permettant à l'Europe de mieux exploiter son potentiel scientifique. Son déploiement est freiné par l'hétérogénéité des politiques nationales. Le Parlement recommande d'imposer des obligations aux États membres et d'optimiser l'échelon de financement (européen, national ou régional). Une task force dédiée est proposée pour harmoniser les stratégies et accroître les budgets R&D de manière coordonnée.

Problèmes identifiés

Malgré les efforts de simplification, la bureaucratie continue d’étouffer Horizon Europe, avec 32% des acteurs constatant une aggravation vs Horizon 2020 et 50% aucune amélioration. Un projet sur deux y consacre plus de 10% de son budget en tâches administratives, et 10% dépensent jusqu’à 20% de leur budget – pendant que les délais de financement explosent les 8 mois réglementaires.

Cette lourdeur exclut les PME innovantes et fait fuir les talents, réduisant mécaniquement le taux de succès des projets. Le "lump sum", solution partielle, crée un paradoxe : simplification des coûts mais complexité accrue des audits ex post.

Le Parlement exige un rééquilibrage immédiat entre logistique et science, et un déploiement ciblé du financement forfaitaire après analyse rigoureuse.

Les consortiums imposés par Horizon Europe complexifient encore plus la gestion des projets, avec des coûts administratifs croissants proportionnellement au nombre de partenaires, décourageant PME et nouveaux entrants. Malgré ces obstacles, Horizon Europe a permis à 50% des PME participantes d'intégrer le programme pour la première fois, révélant un potentiel inexploité. La tendance inquiétante au repli des partenariats internationaux (2021-2027) souligne l'urgence d'alléger les contraintes pour revitaliser la collaboration transnationale.

Le Parlement identifie la nécessité d’une meilleure coordination des politiques scientifiques européennes, notamment en alignant les politiques d’investissement et la sélection des projets en fonction de leur potentiel d’impact et sur base des stratégies européennes.


Enfin, le rapport formule une série de recommandations pour la prochaine version du programme de recherche :

  • Prioriser la vulgarisation et la diffusion des résultats afin de renforcer la confiance dans les programmes de R&D et susciter l’adhésion du public aux financements de la recherche.
  • Mieux équilibrer recherche et innovation commercialisable, car l'approche actuelle ne soutient pas assez les idées réellement disruptives.
  • Définir des objectifs simplifiés pour les missions, ancrer l’approche "bottom-up" dans les besoins de terrain, et appliquer une gestion par portefeuille des projets favorisant l'interdisciplinarité (sciences humaines/exactes).
  • Last but not least, favoriser des consortiums plus petits et consacrer l'utilisation des fonds restants pour financer des projets R&D ciblés, afin de réduire les barrières à l'entrée des nouveaux acteurs.


[1] https://www.horizon-europe.gouv.fr/horizon-europe-c-est-quoi-24104

Odoo • Image et Texte

 

Si la crise sanitaire a bousculé le quotidien des Hautes Écoles, plusieurs chercheurs, membres de notre réseau, se sont mobilisés pour faire avancer la recherche directement en lien avec le covid-19. 

Découvrez ici les projets mis en place par les Hautes Écoles et leurs Centres de Recherche ! 


Le CeREF (Centre de Recherche et de Formation de la Haute École Louvain en Hainaut) et le projet « NOMADe »

Les kinésithérapeutes et leurs patients sont frappés de plein fouet par les mesures de confinement avec des consultations annulées, sauf pour celles qui concernent les soins urgents. Tant d’un point de vue curatif que psycho-social, il est aujourd’hui important de réfléchir à la mise en place de consultations en ligne. Dans cette optique et dans le cadre du projet Interreg FWVl NOMADe, le CeREF a mené une réflexion sur l’efficacité et la faisabilité de téléconsultations dans le domaine de l’évaluation et du traitement des troubles neuro-musculo-squelettiques pour un kinésithérapeute. 

Cette réflexion implique les différents partenaires du projet NOMADe, basés en Flandre, en France et en Wallonie (dont FoRS-Henallux). 

 

Plus d’infos sur http://nomadeproject.eu/

 

HELB Prigogine, Haute École Léonard de Vinci et FoRS-Henallux : chaire inter-Universitaire et inter-Hautes Écoles « Be.hive » dédiée aux soins de première ligne

Le Work Package 3 du projet « La première ligne à l’épreuve de la complexité », dédié notamment à l’étude de la personne en situation complexe dans les soins de santé de première ligne, a adapté ses travaux afin de prendre en compte l’impact du covid-19. L'équipe de recherche est composée de représentants de la sociologie de la santé, des soins infirmiers, de l’ergothérapie et de l’ostéopathie

Le WP4 de « Be.hive » se penche, lui, sur la question : « Comment la situation de crise modifie-t-elle les groupes professionnels des secteurs de la santé, de l'accompagnement social et la collaboration entre eux ? ». L'équipe de recherche inclut des sociologues de la santé, ainsi que des représentants des professions (para)médicales. Objectifs ? Se documenter, mais aussi comprendre la manière dont les groupes professionnels des secteurs de la santé et de l'accompagnement social s’organisent et collaborent dans différents contextes organisationnels pour la prise en charge des personnes en situation de crise.


Plus d’infos ? http://www.be-hive.be/

 

IRISIB (HE2B) et la stérilisation des masques par irradiation

Le centre de recherche IRISIB s’est mis en relation avec le centre de secours du Hainaut et Stérigénics afin de proposer une stérilisation des masques par irradiation. Cette stérilisation permettrait de réutiliser une fois les masques usagés.   

 

La Haute École Robert Schuman et son outil de réflexion éthique 

La Haute École Robert Schuman et plus précisément Cécile Bolly (médecin, enseignante-chercheuse et spécialiste en éthique des soins de santé) ont créé, dans l'urgence, un nouvel outil de réflexion éthique. Ce dernier a pour objectif d'aider les soignants à se questionner et à argumenter les choix qui vont devoir être faits par rapport aux personnes âgées atteintes de covid. Ce document se veut complémentaire à des documents tels que le PSPA (Projets de Soins Personnalisés et Anticipés), les directives anticipées ou encore à des algorithmes plus médicaux. 


Cet outil a d'emblée intéressé le collège de médecine générale qui va le diffuser auprès des médecins généralistes. 

 

CRIG (Centre de Recherche de la HELMo) et l’analyse des tests cliniques du covid-19. 

Le CRIG est compétent dans le diagnostic clinique. Et suite à l'appel à volontaires pour soutenir l'effort dans la lutte contre cette pandémie, la HELMo a pris contact avec l'UNamur et le CHU afin d’analyser la possibilité d’aider au niveau des tests cliniques du covid-19. 

Il apparaît que le réactif Trizol, utilisé pour l'extraction virale, deviendra vite un réactif limitant. La firme Eurogentech propose une alternative rapide, mais celle-ci n’est pas validée pour ce type de test. Il est donc intéressant de comparer ces deux méthodes d'extraction et de vérifier si l'extraction rapide peut être utilisée telle qu’elle ou éventuellement être adaptée si elle montre des faiblesses.


Birgit Quinting (coordinatrice du pôle biomédical et experte en diagnostic clinique) a rédigé une méthodologie. Celle-ci a été soumise à l'équipe TLM Biomol afin d’obtenir leur avis sur la faisabilité. Il est important de préciser que cette étude amènera ces chercheurs à manipuler des échantillons de patients infectieux. L’équipement et les locaux seront donc adaptés afin qu’ils puissent travailler en toute sécurité. 

 

Une fois la méthodologie aboutie en interne, elle sera soumise à Eurogentech et à l'UNamur.


Haute École Galilée : IHECS

Le laboratoire en communication publique et politique Protagoras développe un projet d'analyse de l'impact du covid-19 sur le Green Deal, en collaboration avec l'Institut d'études européennes de l'Université libre de Bruxelles, intitulé : Communiquer le « Green Deal » : la réorientation des enjeux environnementaux et climatiques de l’UE à l’horizon post-covid-19.

Plus d’infos ?  http://protagoras.ihecs.be/

L’IHECS pourrait également mettre à disposition des expertises et compétences pour l'analyse de l'impact du COVID-19 sur les médias ainsi que sur les secteurs culturel, événementiel et de la communication au sens large.


Une mobilisation générale

Tant les Hautes Écoles que les Centres de Recherche associés se sont mobilisés pour venir en aide aux hôpitaux. Ils leur ont ainsi fourni du matériel comme des masques, des gants, des tabliers, des lunettes, des produits de désinfection ou encore des réactifs nécessaires pour réaliser les tests de dépistage. Ceux qui le pouvaient ont également fabriqué par impression 3D les pièces d’usure pour les respirateurs, des masques et des visières. 

Les chercheurs des Hautes Écoles font avancer la recherche sur le covid-19
SynHERA, Déborah TOUSSAINT 3 juin 2020
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